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Amelinda, la belle historie à 7 mains d'Orane

Publié le par Marie-Christine Gyres

Amelinda, la belle historie à 7 mains d'Orane

AMELINDA

Bon, allez Camélia, bouge-toi, il est tard ! Ta valise n’est pas prête et ton avion décolle dans… 2h30 ! Mon dieu ! Elle s’assied au bord du lit, partagée entre l’impatience et l’appréhension. Elle va prendre l’avion pour la première fois et elle a du mal à réaliser qu’elle part pour un long voyage dans le passé.

A l’heure où sa vie allait prendre un tournant radical - elle venait d’obtenir un poste important à Londres – la jeune femme avait brusquement éprouvé le besoin de rassembler toutes les pièces constituant le puzzle de l’histoire de sa famille. Les seules manquantes étaient celles de sa grand-mère maternelle. C’est ainsi qu’elle avait décidé d’aller les chercher elle-même.

Dans quelques heures, elle va la retrouver, cette femme au passé troublant dont on lui a tant parlé mais qu’elle ne connaît pas, ou du moins dont elle n’a vu que quelques vieilles photos: AMELINDA. Son prénom ressemble au pays où elle vit, parfumé, caressé par le soleil et la brise de l’océan.

Jeudi 4 Avril. L’aïeule est dans son fauteuil, une pile de carnets et d’albums photos - tous de couleur violette, sa couleur préférée – est posée sur le guéridon. Elle attend sa petite fille, il est temps pour elle de se raconter. Mais la petite, avec ses émotions toutes fraîches, sera-t-elle apte à entendre ce qu’elle a à lui dire, ce qu’elle a fait de sa jeunesse, de sa vie ?

FLASH BACK – Amelinda se revoit première femme pilote. Il lui en avait fallu du courage et de la détermination pour se battre contre tous ces machos, qui préféraient la coller au fond d’un lit plutôt que dans le cockpit d’un avion ! Ah ! Elle les avait gagnés ses galons, utilisant pour cela les mêmes armes qu’eux. Ils n’avaient rien vu venir, tellement pleins de leur suffisance. Elle les avait séduits les uns après les autres, les utilisant comme eux le faisaient habituellement avec les femmes, leur faisant jurer le secret. Jusqu’au jour où, ayant obtenu ses ailes, elle avait fait graver leurs initiales sur la carlingue de son avion !!! A présent, elle aussi avait son tableau de chasse.

Sa vie, pense-t-elle, a été un véritable roman, riche d’amours (au pluriel bien sûr), mais surtout une vie d’aventures qui l’a emmenée dans son avion taxi sur tous les continents.

Jusqu’au jour où elle découvrit l’Afrique du Sud, elle connut alors son seul véritable coup de foudre. A tel point qu’elle en abandonna même son avion.

FLASH BACK - C’était sous le régime de l’apartheid et les indigènes n’avaient aucun droit, sinon celui de subir des humiliations permanentes. A la suite d’une avarie, elle avait, ce jour-là, atterri en catastrophe sur le tarmac de ce qui n’avait d’aérodrome que le nom, au pied de la montagne de la Table. Son client, un riche négociant néerlandais, venait à Cape Town pour affaires. Il lui demanda de l’accompagner le soir à un cocktail de bienvenue organisé par la communauté néerlandaise. Qu’elle ne s’inquiète pas, l’épouse de son associé lui prêterait une robe pour la circonstance. Etant bloquée sur place pour plusieurs jours en attendant la réparation de son coucou, elle accepta l’invitation avec plaisir. C’est ainsi qu’elle fit la connaissance de Janik qui lui fit découvrir l’Afrique du Sud, la population noire et… l’amour. Elle n’en était plus jamais repartie !!!

Elle revivait dans sa tête cette merveilleuse période où son engagement en faveur des opprimés lui avait fait rencontrer Nelson Mandela, et ce jour béni où enfin l’apartheid avait définitivement été aboli !

De son union avec Janik était née une fille, la maman de Camélia, qui avait grandi ici. Mais celle-ci, après être allée poursuivre ses études en Angleterre, avait obtenu un poste très intéressant en France, et c’est là qu’elle avait rencontré son mari et que la petite Camélia avait vu le jour. Amelinda ne connaissait, pour ainsi dire, pas sa petite fille, elle ne l’avait vue que trois fois. Les jeunes parents avaient d’autres destinations de vacances, et elle, trop investie dans son association pour le droit à la différence, ne s’était pas rendu compte que tant d’années étaient passées. C’est comme ça la vie, faire un choix c’est toujours renoncer à quelque chose.

Lorsque son médecin lui avait demandé si elle avait des enfants, des petits enfants, elle avait soudain éprouvé un besoin fou de serrer dans ses bras cette petite fille presque inconnue. Et voilà qu’elle lui avait écrit ! Oh pas une longue lettre, non, juste ces quelques mots : « Il faut dire à ceux qu’on aime qu’on les aime. Je serai là Jeudi 4 Avril à 16h – Camélia ».

La voix de l’hôtesse rappelle aux retardataires que l’embarquement est immédiat ! Camélia court jusqu’à l’appareil. Essoufflée, elle rejoint son siège, près du hublot. Ouf !!! Il était temps, les réacteurs s’emballent, l’avion roule sur la piste et s’élance dans les airs. Calée dans son fauteuil, la jeune fille ouvre un petit carnet violet. A l’intérieur, une vieille photo sur laquelle une superbe femme lui sourit. Elle a les yeux de Camélia, d’un beau violet profond, le même violet que le petit carnet. C’est sa couleur préférée.

Jeudi 14 Avril – 16h. Welcome in Cape Town.

Orane

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G
Très belle histoire. Authentique . Nous y reconnaissons aussi nos idées...
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M
C'est cela la richesse de l'atelier faire fusionner les idées se pousser les uns les autres pour tirer de nous le meilleur.